Adieu,
A l’âge de 10 ans je savais déjà ce que je voulais faire, je disais constamment à mes parents :
« Plus tard, je serais cressiculteur !»
Non, rien de tout ça, je ne suis même pas agriculteur de formation, anciennement Menuisier puis négociant en bois exotique, de beaux voyages et expériences professionnelles à l’étranger pendant quelques temps mais une envie de retrouver ce bon réseau de potes du Sud Gironde qui avancent, et dans une sacré bonne direction….

Hugues Bladet
Paysannerie
Le joyeux Créssiculteur de Saint Pierre d’Aurillac se dévoile pour la Zinette.

Il fallait que je trouve un hangar, une ferme, un atelier, un chai, un entrepôt, quelque chose hors d’eau – hors d’air pour pouvoir stocker tout mon bazar et avoir un petit pied à terre…
LE BON COIN : Chai + Cressonnière
à vendre 20000 € à St Pierre d’Aurillac.
« Une cressonnière !? A quoi ça ressemble ça ? »
Le jour de la visite, je suis arrivé 20 minutes en avance, j’ai pu rentrer dans la laiterie par un petit volet pas fermé, et là avec ma petite lumière de portable, je tombe sur la source qui s’écoule jusqu’aux cressonnières en extérieur et qui coupe le bâtiment en 2⁄3 1⁄3, splendide!
Il y a de bonnes vibrations, c’est saint, de la vieille pierre, de l’eau, je craque!
J’ai refermé le volet, pour effectuer la visite conventionnellement avec la nénette de l’agence.
Clous du spectacle, elle m’explique qu’il y a aussi un terrain de 5800 m2 avec un verger, 2 puits, un poulailler, un étang, une prairie. On signe où ?
Léger détail mais qui a une lourde importance, tout ça est en zone inondable ! A cœur vaillant , rien d’impossible.


« Me voici donc chef d’exploitation d’une petite cressonnière de 215m2, à St Pierre d’Aurillac dans la boue, avec ma chienne, ma caravane, mes poules, oies, pintades, chèvres naines et moutons d’Ouessant, de vieux fruitiers, un cadre somptueux en friche depuis 8 ans, une création de potager et pleins de projets qui s’improvisent au fur et à mesure.
Je ne voulais pas les citer au milieux des oies et des pintades, mais il y a également et surtout, énormément d’ami(e)s qui passent sur le terrain pour me filer un bon coup de main, me conseiller, m’engueuler aussi parce que je suis têtu . On bringue bien aussi, ça vit quoi ! Ça fait partie des traditions paysannes ! »
« Le Cresson de Fontaine a été le second coup de foudre. Étant très attaché aux vieux métiers, à la paysannerie, aux savoirs de l’ancienne génération, je me découvre une passion pour ce métier qu’est la cressiculture ainsi que pour toutes les valeurs gustatives, thérapeutiques et médicinales du cresson.
Ça commence par quelques vieux qui viennent me raconter des histoires vécues dans cette cressonnière ou les soupes de leur maman, sans oublier la “Douve du Foie”.
C’est aussi ce goût radifié, piquant, croquant, un peu amer pour certain, la couleur vert intense, le travail avec les résurgences des nappes phréatiques arrivant du Massif Central (7 à 9 m3 d’eau par heure à 14 degrés été comme hiver ), la présence d’anguilles, de gamars, de sangsues, grenouilles et tritons, une carte des cressonnières familiales des alentours et sans oublier , l’accueil des Sous Fifres de Garonne à St Pierre d’Aurillac.
Tout un ensemble qui s’est mis en place, une toile qui se tisse, le réseaux d’ami(e)s du Sud Gironde, les restaurants qui jouent le jeu, le Joyeux Marché qui m’a proposé un emplacement pour mes premiers marchés, le lien intergénérationnel que l’on arrive à fédérer avec Jacky, l’échange avec les voisins, les trocs de coups de mains et la transmission de savoirs sont les grandes lignes de ce projet, enfin, la rencontre avec l’Oseraie de l’île, Les Garrigues, Nature et Progrès…
Être acteur de ce qui se déroule sur Terre en ce moment, à ma petite échelle, faire ma part.
Et surtout crier haut et fort que le Cresson de Fontaine a des vertus antioxydantes, drainantes, expectorantes, apéritives, teneur record en provitamine A et B, vitamine C, fer, calcium et autres dérivés soufrés des sources, c’est aphrodisiaque et ça boost la dopamine (glande de la bonne humeur ), ça prévient le scorbut et la cataracte aussi. Ah c’est pas les laboratoires pharmaceutiques et autres Bayer qui vont en vanter les mérites ! Il est là aussi le combat. Faire prendre conscience à un maximum, toute l’américanisation et la mécanisation de nos terres paysannes agricoles dans l’après-guerre, la course à la vitesse, à la production, à l’exploitation, capitalisme et autres expérimentations anti-sociales et stérilisantes.
Pouah ! On est au pied du mur maintenant, mais on l’a pigé. La transition est enclenchée, longuement mais sûrement. Les choses changent, ça bouge, on bouge ! »